Le patrimoine cistercien

"Ils s'appliqueront à leurs lectures ou à l'étude des psaumes."

La Règle de Saint Benoît, chapitre 48.

Le patrimoine cistercien


 Sous le titre englobant de "Patrimoine Cistercien", nous trouverons rassemblées ici trois séries d'éléments constitutifs de l'héritage des Pères de Cîteaux :

  1. Un commentaire intégral de la Règle de Saint Benoît puisque la réforme cistercienne du XIIe siècle eut pour objet une pénétration plus profonde du sens de "la Règle" et une "pratique" qui se voulait plus stricte. Pour en faciliter l'intelligence, les chapitres (il y en a 73) seront regroupés par thèmes.
  2. Une présentation de quelques auteurs cisterciens particulièrement représentatifs : ceux que l'on a appelés les "Quatre Évangélistes de Cîteaux" : Bernard de Clairvaux, Guillaume de Saint Thierry, Guerric d'Igny et Aelred de Rievaulx, mais aussi Isaac de l'Étoile - le plus dialecticien de tous et cependant excellent théologien -, Gilbert de Hoyland et Jean de Ford, les continuateurs du Commentaire sur le Cantique que Saint Bernard avait laissé inachevé...
  3. Une abondante synthèse du Patrimoine littéraire et spirituel de Cîteaux regroupée sous trois aspects complémentaires :
    1. Des généralités, sous formes de chronologies, de présentations des "textes primitifs" de Cîteaux, d'une "Histoire de Cîteaux" ("De Saint Benoît à nos jours"), d'un "portrait" de Jean le Boutillé de Rancé, le grand Réformateur de La Trappe au XVIIe siècle.
    2. Les Traités que Dom Anselme Le Bail appelait "les Traités De anima", rendant compte de l'anthropologie cistercienne.
    3. Les Traités De Caritate, tout entiers centrés sur l'amour, mais comprenant, selon la typologie de Dom Anselme, des "Traités d'ensemble", des "Traités spéciaux", et des "Commentaires ou Exposés" sur le Cantique des Cantiques.

 À la fin de chacune de ces fragmentations, une "évaluation" sera donnée permettant de lier la gerbe en risquant quelques interprétations pouvant ouvrir sur d'autres prises de position.

 Il nous reste à souhaiter "Bonne Lecture" et une fructueuse étude aux chercheurs de sens de ce monument de l'Histoire littéraire et spirituelle laissée par les Pères de Cîteaux qui ont ouvert un chemin à la fois traditionnel et audacieux dans la quête du sens de l'homme et de la connaissance de Dieu, sous la bannière de l'amour (Cf. Ct 2, 4).

Un commentaire intégral de la Règle de Saint Benoît

La Règle de Saint Benoît Commentaire intégral
(où les chapitres sont regroupés par thème)

Une présentation de quelques auteurs cisterciens

Bernard de Clairvaux (†1153) :
  1. "Le dernier des Pères de l’Église ?" (The last non the least).
    Session donnée à Kasanza dans le cadre de l’EFR (École de Formation pour les Religieux/Religieuses)
  2. Chronologie comparée entre les Trois Fondateurs de Cîteaux et Saint Bernard.
  3. Chronologie Bernardine (Vie et Œuvres).
  4. Le "Traité des degrés de l’humilité et de l’orgueil" et le "Traité sur la conversion ad Clericos".
  5. Commentaires sur le Ps 90, "Qui habite"... (17 Sermons).
  6. Vie et Gestes de Saint Bernard. Présentation, d’après Charpentier.
  7. Les Lettres de Saint Bernard. Présentation d’ensemble.
  8. Chronologie Cistercienne : Dates, Evénements, Documents justificatifs.
  9. Bref Commentaire du Cantique (Brevis Commentatio) , écrite par Guillaume de Saint Thierry, mais qui rapporte le "bref commentaire" du Cantique des Cantiques fait par Bernard, à l’infirmerie de Clairvaux, en la compagnie de Guillaume, vers 1124 : les deux abbés étant malades...
  10. Présentation et l’analyse des 86 Sermons sur le Cantique.
  11. Prier avec Saint Bernard.
Guillaume de Saint Thierry (†1148) :
  1. Présentation d’ensemble de l’auteur, de ses œuvres, et de sa doctrine
  2. Doctrine spirituelle de Guillaume : les deux sommets rassemblés dans un tableau.
  3. La "Lettre aux Frères du Mont-Dieu" (Lettre d’or). Présentation.
  4. Tableau Synthèse sur "les Trois Ressemblances", dans la finale de la "Lettre d’or"
  5. "Exposé sur le Cantique des Cantiques". Présentation et analyse.
  6. La "Brevis Commentatio" du Cantique des Cantiques (voir plus haut, Saint Bernard, n°9).
Guerric d’Igny (†1157) :
  1. Présentation d’ensemble.
  2. Tableau Synthèse : six thèmes illustrés par des Sermons de Guerric.
Aelred de Rievaulx (†1166) :
  1. Présentation : vie, œuvres, doctrine spirituelle.
  2. Tableau Synthèse : "Unité et Cohérence".
Isaac de l’Étoile (†1178) :
  1. Présentation
  2. le "Traité De anima"
Gilbert de Hoyland (†1172) :
  1. Présentation des 47 Sermons sur le Cantique de Gilbert, plus une "Étude sur le Repos contemplatif", d’après ces Sermons de l’auteur.
Jean de Ford (†1214) :
  1. Présentation des 120 Sermons "Sur la dernière Partie du Cantique des Cantiques".

Patrimoine littéraire et spirituel de Cîteaux

N.B. : Il est possible de consulter les travaux patristiques de Frère Irénée sur internet (cours de Patrologie et Hilaire de Poitiers).

Les psaumes commentés

"C'est à toi maintenant que s'adresse ma parole, à toi, qui que tu sois."

La Règle de Saint Benoît, prologue.

Les psaumes commentés


 Cette "lecture organique" vise à mettre en ordre et à situer chronologiquement les travaux que nous avons effectués depuis une quarantaine d’années sur les Pères de l’Église et les Auteurs Cisterciens dans le domaine, très monastique, des "Commentaires sur les Psaumes" (Tractatus).

 Le premier travail entrepris porte sur Hilaire de Poitiers. On trouvera sur le site patristique.org, 9 commentaires d’Hilaire. Nous les reproduisons ici en y insérant quelques compléments – sur le Psaume 126 en particulier, du fait des parallèles avec Augustin et Cassiodore. Nous partirons de la longue "Préface aux Commentaires des Psaumes" (Instructio psalmorum) suivie des Tractatus sur les Psaumes 1 et 2, si riches d’enseignement. Nous analyserons quelques autres Psaumes commentés par "le Théologien des Gaules" (Ps 51, 52, 61, 126, 138 surtout, et la série des Psaumes qui achèvent le Psautier : les Psaumes 148 à 150).

 Saint Athanase d’Alexandrie nous retiendra par sa "Lettre à Marcellin", dans laquelle le Docteur de l’Incarnation du Verbe, nous transmet son expérience de la prière des Psaumes en lesquels il perçoit et lit la Prophétie du Mystère Pascal du Christ.

 Il nous faudra reprendre conscience, avec Saint Augustin, de ce que Saint Hilaire, dans une christologie très sûre, avait précédemment énoncé : "le Christ Total (Tête et Membres) est la clé de l’intelligibilité des Psaumes".

 Nous nous arrêterons un long moment sur l’énorme Commentaire de Cassiodore, daté de la fin du VIe siècle. Il puise beaucoup chez Hilaire et surtout chez Augustin, mais il n’est pas sans originalité. Le Mystère Pascal du Christ conduit et éclaire constamment sa lecture et son interprétation.

 Après ce long parcours, nous aborderons aux rives cisterciennes, avec les "Oraisons méditées" de Guillaume de Saint Thierry, tissées de références psalmiques, et surtout, avec le "Qui habite", commentaire suivi de Saint Bernard sur le Psaume 90.

 Nous pourrons risquer alors une évaluation de cet ensemble imposant susceptible de guider notre fréquentation des Psaumes dans la prière. Lecture des Commentaires Patristiques des Psaumes, d’Hilaire de Poitiers (†367) à Bernard de Clairvaux (†1153).

I- Saint Hilaire de Poitiers (†367), Exégète et Commentateur des Psaumes :

Ps 1-2
Ps 51
Ps 52
Ps 61
Ps 64
Ps 118
Ps 126
Ps 127
Ps 138
Ps 148-150

II - Saint Athanase d’Alexandrie (†373), Docteur de l'Église :

III - Saint Augustin d’Hippone (†430) :

IV - Magnus Aurelius Cassiodore (†580) :

V - Guillaume de Saint Thierry (†1148), Ami de Saint Bernard :

VI - Saint Bernard de Clairvaux (†1153), Doctor Mellifluus :

Des Pères Apostoliques...

"Quant à celui qui aspire à la vie parfaite, il a les enseignements des saints Pères."

La Règle de Saint Benoît, chapitre 73.

Des Pères Apostoliques...


 Quand on parle de "Pères de l'Église", de qui s'agit-il ?

 Au sens strict, ce sont des auteurs de l'antiquité chrétienne (Ier au VIIe siècle), clercs ou laïcs, qui ont "mis en lumière" l'enseignement de la foi, à partir de l'Ecriture Sainte et dans leur milieu culturel, en faisant preuve de justesse dans l'expression de la Doctrine Apostolique, ayant mené une vie de caractère exemplaire, et qui ont joui de l'approbation postérieure de l'Église. Mais, dans un sens plus large - que nous adopterons avec beaucoup d'historiens du Dogme -, on assimile aux "Pères de l'Église" des auteurs chrétiens remarquables qui ont contribué au développement du Dogme, même si quelques erreurs se sont glissées dans leur formulation doctrinale et que des défaillances dans leur vécu ecclésial se soient produites : nous pensons à deux génies théologiques et spirituels tels que Tertullien († après 220) et Origène († 252/253).

 Le terme de "patrologie", qui est moderne, désigne l'étude des ces auteurs en mettant l'accent sur l'aspect historique de la recherche ; celui de "patristique", qui remonte au XVIIe siècle, s'attache surtout à la connaissance et à l'interprétation de leur doctrine théologique.

 L'époque des "Pères de l'Église" s'étend sur les huit premiers siècles de l'Histoire de l'Église. Quelle importance revêt la connaissance et l'étude des Pères ? Il est important de les connaître pour la compréhension de notre foi chrétienne et de la prise de conscience de cette réalité fondamentale de la Tradition vivante de l'Église dans laquelle nous sommes insérés.

 Quatre faits peuvent nous aider à comprendre cette importance de la connaissance des "Pères de l'Église" : d'abord, il existe un lien étroit entre l'Écriture Sainte (Ancien et Nouveau Testament) et l'Église des Pères ; ce sont eux qui contribueront à déterminer quels Livres de l'Écriture seront "reçus" dans l'Église ("canon des Écritures"). Ensuite, nous leur devons les énoncés des premières formulations de la foi définie au cours des grands Conciles (du IVe au VIIe siècle) et l'expression d'un premier "discours chrétien" formulé en réaction contre des expressions hérétiques. Troisième fait : la liturgie de la Messe et de l'Office choral (L.H.) leur doit aussi beaucoup ("anaphores" eucharistiques, par exemple). Enfin, ce sont eux qui, dès le second siècle, ont fait prendre conscience aux communautés chrétiennes de la nécessité des "ministres ordonnés" (évêque, prêtre, diacre) pour assurer la "succession apostolique", en fidélité à l'Évangile.

 La fréquentation de ces grands témoins de la foi apostolique permet de mieux comprendre pour s'en émerveiller, que foi et raison ne s'opposent pas, ne s'excluent pas, mais que, bien au contraire, "la foi cherche à comprendre", et que l'intelligence de la foi a besoin de la raison pour en exprimer le plus clairement possible le contenu, restant sauf le "Mystère" ineffable du Dieu Un et Trine devant lequel la raison doit finalement se taire et adorer. Les Pères conjuguent souvent à la fois des dons de dialecticiens et de mystiques ; leur "philosophie" ne les a pas empêchés d'accéder à un haut niveau de vie spirituelle.

 Les Pères présentent donc, pour toutes ces raisons, un caractère d'actualité : ils sont les témoins d'un vécu ecclésial cohérent dans un monde hostile ou indifférent ; ce sont des maîtres du discernement des esprits pour faire la part de ce qui conforme à la foi des apôtres et de ce qui la contredit. Ils vécurent à l'époque de l'"Église indivise", et doivent aider les communautés d'Église à retrouver leur unité en docilité à l'Esprit-Saint en cela, ils jouent un rôle œcuménique fondamental.

La naissance de la pensée patristique et le premier discours chrétien

  1. L'époque des Premiers Pères ou Pères Apostoliques (Ie et IIe siècle).
  2. Christianisme et Judaïsme : St Ignace d'Antioche (†110).
  3. Rencontre du Christianisme et de l'Hellénisme : St Justin (†165).
  4. Christianisme et Gnose : St Irénée de Lyon (†202).

La pensée patristique au IIIe siècle : formulation latine du discours chrétien

  1. Aux origines latines du Christianisme : la personnalité de Tertullien († vers 220).
  2. L'élan intellectuel suscité par les Pères Alexandrins : Clément († vers 215) et Origène († vers 253).
  3. Une Église persécutée par l'État et en conflit interne poursuit sa croissance : de St Cyprien († vers 258) à Lactance († vers 325).
  4. Un humaniste latin chrétien : Lactance († vers 325), le "Cicéron chrétien".

L'aube d'une époque nouvelle : les Premiers Pères du IVe siècle

  1. Au tournant du IVe siècle : les écrivains chrétiens d'Orient.
  2. Les débuts de la crise doctrinale : le questionnement d'Arius (†336) et la réponse de Nicée.
  3. L'historien Eusèbe de Césarée (†345).
  4. Eustathe d'Antioche (†337) : un ardent anti-arien.
  5. St Athanase d'Alexandrie (†373).
  6. St Hilaire de Poitiers : "l'Athanase d'Occident" (†367).

 En fermant le Traité d'Hilaire sur La Trinité, nous voudrions ouvrir toute grande la soif de la connaissance des Pères qui ont enrichi la Tradition chrétienne de la fin du IVe siècle jusqu'à Jean de Damas, au milieu du VIIIe siècle.

 Nous ferons la connaissance des Pères de Cappadoce, l'actuelle Turquie : Basile de Césarée, son frère Gégoire de Nysse, son ami "le Théologien" - comme appellent Grégoire de Nazianze les orientaux... Augustin d'Hippone, le plus grand après Origène, retiendra particulièrement notre attention. Le grand "Débat Christologique" du Ve siècle nous permettra de découvrir l'importance des affrontements entre Nestorius de Constantinople et Cyrille d'Alexandrie : ils nous conduiront au Concile de Chalcédoine, sommet christologique, encore que la doctrine des "deux volontés" dans le Christ, apportera un complément appréciable et nous fera découvrir le courageux engagement - jusqu'au "martyre" - de Maxime le Confesseur joint à celui Martin Ier, le successeur de Pierre sur le siège de Rome.

 Le monde monastique ne restera pas inconnu puisque des Pères éminents l'illustreront: Jérôme, Evagre, Cassien, Benoìt de Nursie, Grégoire le Grand... En Orient, 141 la personnalité et la productivité littéraire de Jean Chrysostome, nous étonnera sans doute... Lui aussi ira, dans sa foi, jusqu'à l'exil et quittera ce monde par un quasi "martyre".

 Notre parcours patristique nous conduira donc de l'Orient en Occident, pour passer de l'un à l'autre, en fondu enchaìné, du Ve au VIIIe siècle.

... aux Pères d'Orient et d'Occident

"Quel est le livre des saints Pères catholiques qui ne nous enseigne le droit chemin ?"

La Règle de Saint Benoît, chapitre 73.

... aux Pères d'Orient et d'Occident


Les Pères orientaux de la fin du IVe siècle

  1. Les Pères Cappadociens : Basile de Césarée (†379), Grégoire de Nazianze (†390), Grégoire de Nysse (†394).
  2. Les Pères Antiochiens : Diodore de Tarse (†390), Théodore de Mopsueste (†428), Jean Chrysostome (†407).
  3. Quelques autres Pères d'Orient : Cyrille de Jérusalem (†386) , Épiphane de Salamine (†403) , Évagre le Pontique (†399) , Éphrem de Nisibe (†373).

Les Pères d'Occident, au tournant du Ve siècle

  1. St Ambroise de Milan (†397) : l'autorité et l'humilité d'un évêque.
  2. St Jérôme (†420) : un moine passionné d'Écriture Sainte.
  3. St Augustin d'Hippone (†430) : "évêque malgré lui, moine malgré tout".
  4. Les Pères Occidentaux (suite) : Moines et Poètes...

Orient et Occident (Ve - VIIIe siècle) : le Grand Débat Christologique

  1. Autour d'Éphèse (431) : Cyrille d'Alexandrie (†444) et Nestorius de Constantinople (†451).
  2. Le monde grec au VIe siècle : l'impact de Chalcédoine (451).
  3. Dans la mouvance du "Débat Christologique" du VIe siècle : Denys ...
  4. Les derniers Pères Latins (Ve - VIIe siècle).
  5. Les derniers Pères Grecs (VIe - VIIIe siècle).

 Ce long parcours, échelonné sur huit siècles, nous a permis de découvrir quelques personnalités représentatives parmi les "Pères de l'Église", ceux du moins qui ont le plus contribué à forger, à travers bien des débats d'idées, des conflits, et six Conciles œcuméniques, un discours cohérent sur la foi: celle à laquelle adhérait l'Église indivise, la foi des Apôtres, et qui est encore la nôtre aujourd'hui.

 C'est un peu comme les pages d'un album de Famille que nous avons tournées. Nous avons peut-être mieux perçu, à travers cette prise de contact avec "nos Pères dans la foi", comment ils exprimaient, priaient, vivaient et défendaient cette foi reçue dans l'Église des Apôtres, depuis "l'illumination" baptismale.

 Que ce soit aussi pour nous, par la médiation de "ces Pères devenus nos amis", selon l'expression de J.H. Newman, un chemin de connaissance plus approfondie de notre foi, de compréhension plus émerveillée du Don de Dieu, de prière plus filiale à l'égard du Dieu Père, et de marche plus assurée à la suite du Christ Jésus, notre Seigneur et Sauveur, objet de "notre unique amour" (cf. Thérèse de Lisieux), qui ouvre à l'amour universel de tous les hommes que Dieu aime et veut sauver, ainsi qu' "au souci de toutes les Églises" (2 Co 11, 28) qui désirent ardemment retrouver leur unité visible, "pour que le monde croie" (Jn 17, 21).